Le V3

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Cette terminologie est attribuée à la troisième arme de représailles (Vergeltung) faisant suite à la bombe volante FZG 76 (V1) et à la fusée A4 (V2).

C'est un canon à longue portée mis au point à partir de 1942 par August COENDERS, ingénieur en chef de la firme Röchlingsche Eisen und Stahlwerk de WETZLAR, d'un calibre de 150mm dans lequel l'obus, aprés sa mise à feu, subit une propulsion progressive induite par des charges de poudre disposées latéralement.

La  nouvelle arme porte ainsi dans les documents d'archives la dénomination de "HDP, Hochdruckpumpe" (Pompe à haute pression) avec le projet de pouvoir effectuer des tirs sur la ville de LONDRES depuis la côte Française soit à une distance de 150km.

Dans ce but, le canon doit mesurer près de 130 m de long avec 32 paires de chambres latérales impliquant au projectile une vitesse de 1500 m / seconde à la sortie du tube. La préparation de la pièce pour chaque coup comporte donc l'introduction du projectile dans le tube fermé par une culasse classique et le chargement des 32 paires de chambres latérales.

Le canon est fixe, orienté obliquement vers la cible avec des escaliers sur les cotés pour permettre le chargement des chambres.

Les premiers essais ont lieu en octobre1943 sur HILLERSLEBEN prés de MAGDEBURG avec un canon d'une longueur réduite pour expérimenter la pièce et les projectiles puis à partir de janvier 1944 au centre d'essai de MISDROY sur les côtes de la mer Baltique pour tester un canon complet avec ses 32 paires de chambres latérales.

Les essais se poursuivent  avec échecs et succés durant le premier semestre de 1944 mais la Libération de la région Nord / Pas de Calais intervient avant une mise au point définitive du HDP empéchant ainsi le déploiement sur les sites de tir prévus.

Toutefois, les recherches continuent sur un modéle de canon plus court, qui aboutissent en novembre 1944 à un nouveau canon d'une longueur de 50 m avec 12 paires de chambres latérales mais avec une portée plus limitée proche des 40 km.

HDP au centre d'essai de MISDROY en janvier 1944  ( Droits réservés Bundesarchiv)

Obus Röchling mesurant 1.80 m de long pour un poids de 78 kg (musée de DIEKIRCH, Luxembourg)

Vue de l'ogive avec ses guides. Le projectile est sous calibré ( 90mm ) les guides autour de l'ogive et l'empennage permettaient le tir dans le tube de 150 mm du HDP (musée de DIEKIRCH, Luxembourg).

 

MIMOYECQUES

 Au printemps 1943, avant même la mise au point du HDP, HITLER donne l'ordre l'ordre de commencer la construction de deux installations souterraines sur les côtes de Pas de Calais. Chaque position de tir doit comporter 5 batteries de 5 canons chacunes soit un total de 50 tubes pointés sur la ville de LONDRES avec une capacité de tir de 120 coups journaliers !

L'unité chargée des tirs est l'Artillerie-Abteilung 705 placée sous le commandement de l'Oberstleutnant Georg BORTTSCHELLER.

Le lieu choisi pour les implantations se situe sur la commune de MIMOYECQUES sous une colline de craie à proximité de la ligne de chemin de fer CALAIS/BOULOGNE.

   Bauvorhaben 711 où Wiese

Les deux sites prévus sont distants de moins d'un kilométre et doivent prendre la forme d'un vaste complexe souterrain sur plusieurs niveaux permettant le stockage des obus de 150 mm avec les charges additionnelles et l'accés aux canons disposés dans des puits inclinés profonds de 127 m. L'accés proche d' une voie ferrée doit permettre l'acheminement des projectiles.

Vue en perspective  de l'installation Est, extraite du Rapport SANDERS 21 février 1945

(Droits réservés)

Les travaux sont confiés à diverses entreprises Allemandes sous la direction de l'Organisation TODT employant une main d'oeuvre constituée de requis dans le cadre du STO et de nombreux déportés. Prés d'un millier d'hommes auraient été employés sur le chantier.

Les deux sites sont repérés par les unités de reconnaissance Alliées en septembre 1943 et commencent à être bombardés les 5 et 8 novembre. A la suite de ces deux premières attaques, le site Ouest va être abandonné (les premiers travaux n'avaient consistés qu'à la préparation des accès).

Sortie Sud de l'installation Ouest sous la végétation

( collection personnelle Laurent BAILLEUL )

L'activité de construction va se poursuivre sur le site Est mais avec une réduction du potentiel offensif car l'installation ne doit plus comporter que 3 batteries de 5 canons HDP soit 15 tubes au lieu des 25 prévus initialement. La mise en service est prévue pour le mois de mars 1944.

Aprés les premiers bombardements de novembre 1943 plusieurs autres attaques aériennes vont être menées sur le site. On rélèvera un total de 18 raids aériens jusqu'au 27 août 1944 dont des opérations spéciales réalisées par des bombardiers bourrés d'explosifs et téléguidés sur l'objectif par un autre appareil (opération Aphrodite).

Prés de 4102 tonnes de bombes seront larguées sur le site avec parfois des bombes Tallboy de 5.5 tonnes. C'est d'ailleurs l'un de ces projectiles qui endomagera irrémédiablement l'ouvrage en pénétrant par un heureux hasard dans l'un des puits. Ce tonnage de bombes allait faire de MIMOYECQUES le second site d'Armes V le plus bombardé, le premier étant SIRACOURT).

Le site est abandonné dans les derniers jours du mois d'Août 44 juste avant l'arrivée des Alliés.

Une commission d'experts Britanniques est chargée d'explorer les installations et surtout d'en comprendre le fonctionnement. Cette mission est conduite par le colonel SANDERS.

Les spécialistes de ce groupe découvrent alors un gigantesque complexe souterrain bâti autour des 3 puits inclinés qui devaient abriter les tubes HDP. Le projet initial de 5 puits avait été revu à la baisse.

L'entrée du site devait permettre l'accés à un train pour l'acheminement des munitions  sur une longueur de 630 métres. Sur le côté de ce tunnel principal plusieurs galeries tranversales rejoingnent une autre galerie d'une longeur de 100m. Toutes ces galeries sont pour la plupart bétonnées et permettent l'accés à des puits communiquant avec les étages inférieurs.

Sortie Sud du site Est.  Entrée du musée.

( collection personnelle Laurent BAILLEUL )

L'entrée Nord du site n'est plus visible de nos jours suite à sa destruction par explosif  le 14 mai 1945 par les Royal Engineers.

 

 Plan de l'ouvrage souterrain au niveau 100 (soit à 100m du haut de la colline)

extrait du Rapport SANDERS 21 février 1945

(Droits réservés)

Lors de l'exploration des galeries par la mission SANDERS, l'accès aux niveaux inférieurs s'avéra difficile du fait de l'inondation des dessous et des éboulements induits par les bombardements. De plus, la destruction des plans de l'ouvrage par les Allemands ne favorisa pas les investigations.

Toute l'installation est construite autour des puits inclinés servant à disposer les tubes des lanceurs. Plusieurs puits ont été creusés en plus afin de permettre, comme dans une mine, l'accès aux niveaux inférieurs pour les bétonnages et aménagements. Des centrales à béton étaient aménagées à l'intérieur de l'ouvrage, approvissionnées par des conduits venant de la surface. Une fois l'ouvrage achevé certains puits auraient permis la descente des explosifs pour les charges latérales du HDP ainsi que les obus.

On distingue (sur les plans ) trois autres niveaux:

Niveau 62 :

Détail des travaux entrepris au niveau 62, la galerie colorée en gris représente la partie excavée, les tunnels en pointillés représentent le niveau 100, 38 métres plus haut.

Cette galerie accessible par deux puits d'accès devait permettre l'évacuation des déblais provennant des puits inclinés.

Niveau 47 :

Détail des galeries au niveau 47, accessibles également par deux puits verticaux. La partie colorée en gris devrait représenter ce qui a été creusé où bétonnée.

Ce croquis extrait du rapport SANDERS a été réalisé d'aprés l'étude d'un plan Allemand retrouvé sur le chantier. Le but de ce niveau semble avoir été destiné, hormi l'évacuation des déblais, à permettre une évacuation des gaz après chaque tir.

L'exploration de ce niveau a été permise en 1944 aprés un pompage de l'eau qui l'avait submergé.

Niveau 30 :

 Détail du niveau le plus bas. En rouge, la position estimée des deux puits d'accés.

C'est à ce niveau que devait être installées les culasses des tubes HDP. Hélas, la submersion de cette galerie empécha l'exploration.

Les puits inclinés :

Croquis de l'un des puits abritant les tubes HDP.

extrait du Rapport SANDERS 21 février 1945

(Droits réservés)

Au nombre de 5, ils vont du sommet de la colline jusqu'au  niveau 30 sur une longueur de 127 métres. Seul les puits III , IV et V ont été creusés, les deux premiers ayant été abandonnés.

Chaque puits devait contenir 5 tubes HDP avec de part et d'autres un passage pour un systéme d'ascenseur permettant de descendre les obus et les charges latérales.

La sortie des puits de tir à la surface devait être protégées par une épaisse dalle de béton d'une longueur de 70 mètres sur 30 de large sur 5,5 métres d'épaisseur. Chaque puits devait en plus être refermé par une dalle d'acier de 20 cm d'épaisseur.

Photo actuelle des plaques de blindage, toujours stockées à HYDREQUENT lieu ou elles furent livrées en avril 1944.(*)

(collection personnelle Michel VAN BEST : Michel.van.Best@simac.nl )

(*)  Ne devraient-elles pas poursuivre leur voyage et être exposées sur le site de MIMOYECQUES  !!!

Etat actuel de la dalle de protection detruite par explosif en 1945.

 

   Musée MIMOYECQUES  BASE  V3

Aujourd'hui, il nous est possible de visiter ce vaste complexe souterrain grace à une excellente mise en valeur sous la forme de commentaire audio (en Français, Anglais et Néerlandais). Le visiteur peut ainsi se rendre compte de la complexité de cette installation de tir.

Entrée du musée

renseignements:   mimoyecques@wanadoo.fr

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Vue de la gare de déchargement

( collection personnelle Laurent BAILLEUL )

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Arrivée des conduites de sable et ciment à l'intérieur de l'ouvrage

( Jean Paul PALLUD, extrait du n°197 39/45 Magazine )   

 

   Engagement opérationnel

La perte du site de MIMOYECQUES dans le Nord de la France n'a pas mis un terme au développement du HDP. La mise au point se poursuit avec la construction en novembre 1944 d'une version plus courte ( la portée maximale n'étant plus nécessaire ) le LRK 15 F 58 ( LANGOROHRKANONE, canon au long tube).

Ce nouveau canon ne fait plus que 50 métres de long avec 12 paires de chambres latérales. Sa portée maximum est de 49 km mais il est possible de la réduire pour atteindre un objectif plus proche en n'utilisant pas la totalité des chambres latérales.

Deux exemplaires de ce nouveau HDP sont livrés durant la seconde quinzaine de novembre 1944 par la société RÖCHLING.

Le déploiement  opérationnel est décidé par le SS Gruppenführer Hans Kammler en soutien de la contre offensive des Ardennes ( Opération "Wacht Am Rhein" ) avec pour objectif la ville de LUXEMBOURG aux mains des alliés.

Le site choisi pour l'installation des deux canons est situé à LAMPADEN, sur le flanc d'une petite colline.

Du 28 novembre au 23 décembre 1944, les unités de construction préparent l'emplacement des piéces sur une pente boisée avec la construction d'une voie férrée étroite ainsi que les abris de stockage pour les obus et charges de tir. Le premier canon est ensuite assemblé sur le site avec un camoufflage trés soigné dans le but de soutraire l'installation aux reconnaissances aériennes Alliées.

Emplacement du HDP Sud en 2001

( Jean Paul PALLUD, extrait du n°201, 39/45 Magazine )

Le 30 décembre à 23h16, le premier canon ouvre le feu sur la ville de LUXEMBOURG ( 5 tirs) puis reprend le lendemain avec 23 tirs. L'obus utilisé est un 150mm Sprenggranate 4481 d'un poids de 97 kg.

Le 2 janvier 1945, l'assemblage du second tube est achevé mais les tirs ne peuvent être réalisés car les obus manquent sur le site.

Dans les jours suivant la 1er Batterie de l' Artillerie Abteilung 705 reprend les tirs cette fois avec les deux  tubes jusqu'au 15 février 1945. Ce jour, le SS Gruppenführer Hans Kammler donnera l'ordre de démonter l'un des canons.

Les derniers tirs seront effectués par le second canon jusqu'au 22 février 1945 date à laquelle il sera lui ausi démonté suite à l'avance des troupes Américaines trop proches de LAMPADEN.

Les dégâts occassionnés sur la ville de LUXEMBOURG seront dans l'ensemble trés faibles avec un bilan de 10 morts et 35 blessés. Quelques maisons subiront également des destructions à des degrés divers.

Par contre, ces tirs causèrent une surprise très désagréable aux unités US qui n'arrivèrent pas pendant ces quelques semaines à localiser et détruire les installations de tir.

Le canon HDP Sud se trouvait sur la droite. Sur le chemin une voie ferrée étroite permettait un approvisionnement.

( Jean Paul PALLUD, extrait du n°201, 39/45 Magazine )

 

   Question

 L'étude du HDP nous pose une interrogation :  Les chambres latérales du HDP étaient -elles à angle droit ou a 45°  ?

Jean Paul PALLUD, dans son article publié en janvier 2003, nous précise que les canons opérationnels, c'est a dire ceux qui ont tirés sur LUXEMBOURG et BELFORT avaient tous des chambres latérales à angle droit.

L'incertitude provient d'une photo d'époque prise par les Américains en mai 1945 à HILLERSLEBEN, montrant un HDP avec les chambres latérales à 45° ainsi que par une maquette exposée au musée Luxembourgeois de DIEKIRCH.                 

De même, sur le site de MIMOYECQUES, une reproduction d'un tube HDP nous montre cette disposition.

De quel type pouvaient bien être les HDP prévus sur le site de MIMOYECQUES ?

L'absence de documents d'époque ne nous permet pas pour l'instant d'apporter une réponse.

 

 " Il n'y a plus de question à se poser, la réponse est claire: les chambres latérales étaient à angle droit. La maquette du musée de Diekirch, comme le tube de Mimoyecques, ont été refaits sur la base de la seule photo de canon HDP facilement disponible, une photo de 1945, avec des chambres à 45°. Il faut accepter de dire que ces deux maquettes sont erronées. Il suffit de regarder les photos des tubes essayés à Misdroy pour être montés à Mimoyecques: chambres à angles droits ! "                              -  Réponse de Jean Paul PALLUD en date du 19 juin 2003 -

 

   Sources

 *   Constructions Spéciales,  Roland HAUTEFEUILLE

 *  After the Battle n° 114, "the V3 and V4",  Jean Paul PALLUD

 *   Le Bunker de Mimoyecques, Jean Paul PALLUD article paru dans  39/45 Magazine n° 197 Janvier 2003

 *  La première batterie HDP tire sur Luxembourg , Jean Paul PALLUD

                              article paru dans  39/45 Magazine n° 201  Mai  2003                                                                                                           

                                           contact :      jean.paul.pallud@wanadoo.fr

 *  liens site web :

        http://html2.free.fr/canons/basev3.htm

                                                                                                                                                  retour  page précédente

 

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